jeudi 31 décembre 2009

Bienvenue en 2010

Quoi de mieux qu’un 31 décembre pour discuter un peu de mon film de l’année 2009. Je vous arrête tout de suite il ne s’agit pas d’Avatar. La superproduction de Cameron fait date dans l’histoire du cinéma mais pas dans mon cœur.

SPOILER ALERTE, si vous n’avez pas vu Avatar, allez à /SPOILER ALERTE :

Pourquoi ? Parce que la beauté n’excuse pas tout et que dans le cinéma comme dans ma vie amoureuse j’aime ce qui est beau mais aussi ce qui est raffiné, profond, intelligent. De plus, les centaines et bientôt milliers de films que j’ai déjà visionnés (le parallèle avec ma vie amoureuse est fini) entraînent une aversion certaine du déjà-vu, du complaisant, du cliché en un mot de la facilité à laquelle s’adonnent certains scénaristes qu’on pourrait sans peine accuser de plagiat. Baudelaire disait –le grand homme ! – « Plonger au fond du gouffre, enfer ou ciel, qu’importe ? au fond de l’inconnu pour trouver du nouveau »

Le nouveau d’Avatar réside dans son imagerie 3D : beauté à couper le souffle d’un monde paradisiaque, corps mi dieux grecs mi schtroumpfs des Na’vis et course poursuite haletante. Avatar est un bonbon acidulé qui fond dans la bouche. Quel dommage que Cameron ait destiné son film à un trop large public et nous livre ainsi une histoire « pour enfant » inapte à satisfaire mon esprit retors. Cela commence par la fable écologiste : les méchants humains, après avoir pillé leur monde, vont en piller d’autres et détruisent la jolie forêt pour extraire un métal précieux. Aucune nuance de la part des scénaristes : il y a le commercial bête et méchant qui veut un taux de rentabilité maximal, il y a le militaire encore plus bête et encore plus méchant qui veut tout faire sauter, il y a la scientifique a moitié hallucinée qui se bat contre les deux précédents pour leur expliquer la vertu de la négociation, il y a le militaire héros repenti qui tombe sous le charme de ce nouveau monde, devient le chef des « bons sauvages » et les mène vers la victoire finale. Ah oui, n’oublions pas histoire de s’enfoncer un peu plus dans le cliché qu’il choppe au passage la fille du chef et devient in-fine l’un des leurs (c’est l’immigration choisie…). Le côté manichéen du film est poussé au paroxysme : les méchants humains, les gentils sauvages, la gentille nature…

Beaucoup de déjà vu qui n’auront pas échappé aux amateurs de Science fiction : le combat final – décidément trop à la mode à Hollywood – entre le méchant et le gentil rappelle Matrix, tant par la symbolique du corps réel immobilisé tandis qu’un Avatar se démène, que par l’utilisation d’un robot de combat très similaire. Au début du film le héros en chaise roulante est le Jude Law de « Bienvenue à Gattaca ». Le thème de la planète connectée en réseau et possédant une mémoire collective rappelle immédiatement l’épopée des « Fondations » du maître Asimov : la terre devenue Gaia.

Bref, avec une telle beauté d’image et d’effets spéciaux, avec une telle immersion dans ce fantasme visuel qu’est Pandorra, la version pour adulte d’Avatar serait un film absolument fantastique et on en voudrait presque à Cameron d’avoir sacrifié l’effet de surprise sur l’autel du conformisme hollywoodien.

/SPOILER ALERTE

Comme meilleur film de cette année j’aurais pu choisir « District 9 » pour son « breakthrough » dans la science fiction moderne. Je ne puis rien ajouter d’autre à son sujet que ce que je disais dans mon billet critique de District 9

« Inglorious Bastards » est un bon candidat. Je reste grand fan des discussions habituelles sur le nom d’un « Quarter Pander with cheese » en Français ou bien de la qualité du lait. L’acteur Christoph Waltz incarne un officier SS raffiné à la voix suave et glaciale, mais la piètre prestation de Mélanie Laurent ainsi que le côté un peu trop gore de certaines scènes nuisent à la qualité globale du film.

Non finalement, en pied de nez des superproductions et du cinéma Américain, je vous conseille – puisqu’il s’agit de mon film de l’année 2009 – de visionner au plus tôt « Welcome », cette histoire d’un professeur de natation ( l’excellent Vincent Lindon) confronté à la volonté d’un jeune émigré de rejoindre son amie en Angleterre.

Cela semble bourré de bons sentiments comme un film avec Gérard Jugnot mais non. C’est juste, c’est émouvant, ça fait écho avec l’actualité, ce n’est pas tape à l’œil.

Du bon cinéma Français

Cocorico et bonne année !

Mo²…

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