jeudi 17 juin 2010

Tout va pour le mieux dans la meilleure des télés

Canal + a innové dans sa diffusion des matchs du mondial en Afrique du Sud : grâce à un procédé technique dont j’imagine qu’il s’agit d’un simple filtrage (un coupe bande après transfo de Fourrier quoi !) la chaîne cryptée, on comprend mieux pourquoi, est parvenue à supprimer le son des vuvuzelas. Les spectateurs peuvent alors retrouver la si sympathique ambiance de stades de foot : sifflets sur l’arbitre, cris de singes et autres amabilités sur l’absence d’activité professionnelle ou la présence de rapports sexuels dans le microcosme familial.

Je laisse le loin aux néo-bacheliers encore chauds après l’épreuve d’aujourd’hui de disserter sur la portée philosophique de ce progrès technologique gommant une coutume autochtone désagréable pour me consacrer sur l’essentiel : supprimer le bourdonnement d’abeille des vuvuzelas pour la survie de nos cages à miel est une initiative qui mériterait d’être étendue.

En effet quel bonheur de pouvoir supprimer ces petites choses désagréables émanant du poste ! En regardant Roland Garros ne vous êtes vous jamais plains des cris de certaines tenniswomen évoquant tantôt la brebis qu’on égorge tantôt l’imagination malade du prêtre irlandais devant la chanteuse à la croix de bois ? Ne voudriez-vous pas pouvoir apprécier la nouvelle star sur M6 sans les paroles des chanteurs ? Le patinage sans Candeloro ? L’équitation à votre guise ? Question pour un champion sans Julien Lepers ?

Le procédé s’appliquerait à merveilles à nos hommes politiques, par exemple un filtre passe bas sur la taille de l’entourage du président. C’est déjà fait ? Bon. Un filtre anti-injure sur les propos de Brice Hortefeux, un filtre anti blague sur les aztèques pour Mme Bachelot, un café sans filtre pour Borloo, un filtre passe bande pour Mitterrand au grand bonheur des jeunes boxeurs thaïlandais, un philtre d’amour pour Rama Yade et l’équipe de France, un filtre coloré pour Fadela Amara, un filtre grave pour François Fillon…
On pourrait même modifier l’image ! Pourquoi pas ? Plus fort que la chirurgie esthétique, le filtrage esthétique : Harry Roselmack en blanc voilà qui ravirait place Beauvau ! Adieu les frères Bogdanov, Valérie Damidot et Ugly Betty !

Et pourquoi pas, finalement, le filtre ultime pour enlever la pollution visuelle et sonore émanant des télévisions pour ne garder que le beau et le confortable :

L’Eteindre

Mo²…

mercredi 9 juin 2010

Travail, Famine, Patrie

On parle beaucoup de travail dans l’actualité aujourd’hui. Mais attention, pas le travail de la France qui se lève tôt, travaille-plus-pour-gagner-plus-et-surtout-combler-le-trou-de-la-sécu, mais plutôt de ces boulots qu’on a tous rêvé d’avoir…

Dans le 20 minutes de ce matin, noyée dans la masse des informations passionnantes - comme la meilleure façon de maigrir avant l’été ou encore l’ouverture d’un magasin d’herbes aromatiques spéciales bain de pied rue Léon Robert de l’Astran à Toulouse – se trouvait cette description de ce qui pourrait bien être le nouveau « Job le plus cool du monde ».

Il ne s’agit pas cette fois du poste de gardien d’une île paradisiaque ni de celui d’ingénieur prévention des risques chez BP, mais plutôt « d’étaleur de crème solaire ». Ce travail saisonnier proposé par le pôle touristique des sables d’olonne sera rémunéré 5000 euros mensuels. A première vue, ça fait rêver. Sentir la douce pesanteur du soleil d’août sur sa peau nue ainsi qu’une légère brise marine aux senteurs salées, masser délicatement les fines jambes ciselées d’une jeune anglaise tout en laissant son esprit vagabonder auprès des voiles blanches parsemant l’horizon, des rires des enfants échappant aux vagues caressantes et du déhanché indolent de quelque naïade se promenant sur le remblais et se dire qu’on gagne 3 fois plus que le serveur au MacDonald du coin ou de l’éboueur aux horaires monacaux. Bon après coup on se dit qu’on bosse pendant que les autres sont en vacances, que la moyenne d’age des habitants des sables d’olonne compte parmi les plus élevées du pays, qu’on risque à tout moment de se prendre un paquebot échoué sur la plage et qu’on va avoir les mains grasses.

Non, mieux vaut être sélectionneur de l’équipe de France ! Cette fois pas besoin de passer de la crème, pas même sur les mollets de William Gallas les kinés sont la pour ça, pas d’obligation de résultat, de jolis voyages, de jolis hôtels… Un rêve ! En passant admirons les réactions sur le prix de la nuit (590 euros tout de même…) à l’hôtel des bleus dont la très américaine : « C’est la FIFA qui paie, ca coûte pas un sou au contribuable ». On dirait du Frederic Lefebvre dans le texte. Oui Frederic Lefebvre, le monsieur des points presse UMP qui passe son temps à dire des ignominies d’un ton péremptoire et qui a défaut d’avoir les mains grasses en a les cheveux (je sais les attaques sur le physique c’est petit mais il y a des postes qui vont se libérer à radio France alors je m’entraîne). Bref, vous qui trouvez scandaleux qu’une nuit d’ébergement pour l’ensemble de l’équipe de France et de son staff coûte plus du double du PIB annuel par habitant en Afrique du sud (regardez wikipedia et le calcul est vite fait), passez votre chemin de toute façon c’est pas nous qu’on paie.

Voici cependant une donnée qui pourrait être transmise à Christine Boutin. Comme le révèle le canard enchaîné, qui est de moins en moins un journal satyrique et de plus en plus une annexe de la cours des comptes, l’ex ministre de je-ne-sais-plus-quoi-tellement-son-action-a-été-grandiose a été chargée depuis avril par l’Elysée d’une mission sur les "conséquences sociales de la mondialisation". Nul doute que cette femme qui après une maîtrise de droit public est devenue journaliste est la mieux placée pour mener cette étude, l’école de sociologie française (Bourdieu, Durkheim…) étant il faut bien le reconnaître fort peu compétente. Pas de favoritisme donc dans l’attribution de ce poste pour lequel Mme Boutin est rémunérée 9500 euros mensuels (plus des bureaux dans le XVème, une voiture avec chauffeur et un secrétariat) en sus de sa retraite de députée et de son action en tant que conseillère générale des Yvelines.

Enfin gardons bien à l’esprit qu’en France on peut être ministre de l’intérieur, c'est-à-dire en charge de la sécurité intérieure et des libertés publiques, et être condamné pour injure raciale.

Voici une république qui ne correspond pas du tout au prototype.

Mo²...

jeudi 3 juin 2010

Gazahia?

Il y a peu un ami me disait « Alors, tu vas nous faire un billet sur Israël ? » Il évoquait bien sur cette flottille d’aide humanitaire arraisonnée par des commandos de l’armée et qui fini par de nombreux morts, turques pour la plupart.
J’aurais du lui répondre que je ne m’occupais que de choses sérieuses et importantes comme la politique intérieure Française et notamment les déclarations de Frédéric Lefebvre.
Et puis que dire, pour moi qui dans ma jeunesse pensait que la bande de Gaza était, comme la bande à Bonnot (je parle pas de U2 là) ou la bande à Baader, quelque faction dont le chef s’appelait Gaza ?
Enfin, pour cette fois je veux bien faire un effort.
Il faut savoir que le contentieux Israël – Palestine remonte à longtemps avant Jésus Christ, ou presque. Cela a ensuite redémarré avec la création de l’état d’Israël en 1948 (bientôt la retraite !), les guerres, les Intifada (entré depuis dans le langage courant à Marseille) jusqu’à aboutir à ce fiasco médiatique et politique, l’attaque sanglant d’un navire dans les eaux internationales. Parmi les militants pacifistes (mais presque) qui avaient organisé ce gaza de charité figuraient quelques français dont trois, Salah Berbagui, Mounia Cherif et Miloud Zenasni, sont arrivés à Paris hier après midi. Une source anonyme du ministère de l’intérieur aurait déclaré « mais ils sont même pas Français ! »
Complexe histoire. Il faut dire que les Palestiniens n’ont pas fait preuve de délicatesse en habitant la désormais célèbre bande de Gaza. Gasa, quand on connaît l’histoire juive dans la seconde guerre mondiale, c’est une provocation gratuite. L’affaire s’est encore compliquée avec l’arrivée au pouvoir du Hamas, qui contrairement à ce que son nom indique n’est ni un parti capitaliste vénal ni un parti de gauche - même si le bourrage d’urne est peut être resté - mais est bien taxé d’organisation « islamiste » ce qui par les temps qui courent n’est jamais bon signe. Il y a aussi Mahmoud Abbas, un fan invétéré du groupe Suédois mais qui a rajouté un ‘s’ pour pas que ça se voit, qui dirige l’Autorité Palestinienne depuis 5 ans.
Le blocus pocus de la bande de Gaza va se poursuivre et si l’action humanitaire n’a rien apporté de tangible aux habitants elle a eu un fort impact sur l’opinion internationale où l’idée de « deux poids deux mesures » fait son chemin. Imagine-t-on les réactions si l’Iran avait agit ainsi ?
Enfin, ayant l’impression de marcher sur des œufs - tel le prêtre irlandais repartant en pleine nuit et sur la pointe des pieds de l’internat pour jeune orphelin qu’il vient de visiter afin d’apporter à quelqu’un de ses occupants la chaleur d’une con-fesse-ion (oui je me suis dit qu’il valait mieux taper un coup sur l’église catholique pour bien souligner ma préférence aucune envers quelconque religion) - mais aussi la conscience qu’il est des sujets bien plus graves qui mériteraient mon attention, et au premier desquels les mollets de William Gallas, il est temps de clore ce billet sur cette délicate affaire.
Je suis sur, cependant, que l’actualité future me donnera l’occasion d’y revenir.

Terre promise, terre due.

Mo²…