« C’est dégueulasse », « C’est une honte », « Bravo la justice ! » … La colère des familles des victimes se ressentait dans leurs mots, aujourd’hui lundi 11 février, à la sortie du tribunal correctionnel de Saint-Nazaire. L’explication se trouve dans le verdict énoncé : pas de responsabilité individuelle. Ainsi, si les deux entreprises ( La fabricante de la passerelle et la chargée de construction du bateau) sont bien condamnées au titre de personne morale, chacun des huit salariés inculpés pour homicide involontaire a été relaxé. « Trois mois de prison –disait cet homme – qu’est ce que c’est trois mois de prison dans la vie ? Moi ça fait quatre ans que j’ai perdu ma femme ». Sans polémiquer sur la réalité ou non d’une responsabilité des salariés, comment ne pas rester doucement rêveur devant cette soif de vengeance ? Le tribunal a tranché : oui les entreprises sont coupables. Mais cela ne suffit pas. Une entreprise c’est immatériel, c’est insaisissable : il faut des noms. Oui il faut des noms et des visages pour décharger la haine : nous avons souffert, nous voulons qu’ils souffrent : œil pour œil, dent pour dent…
Mais finalement ce n’est à mon sens pas le plus dérangeant. Même en ces temps où tout s’achète, tout se monnaye, je ne puis m’empêcher de fixer, songeur, le montant des amendes imposées. Les deux entreprises sont condamnées à verser, chacune, 177 500 euros, soit un total de 355 000 euros. En ne comptabilisant ‘que’ les 16 décès (et pas les 29 autres blessés de l’effondrement de la passerelle) cela nous donne un joli petit 22 187.5 euros par personne.
Le salaire moyen d’embauche pour les diplômés de mon école est d’environ 30 000 euros par an.
Entre loi du Talion et considérations économiques, nous sommes bien peu de choses.
Mo²…
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