dimanche 16 mars 2008

Impression

...,

Dimanche, il est 14 heures trente, j’hésite un peu devant les trois tas disposés devant moi : pas de bulletins de vote, où plutôt deux listes électorales qui tiennent lieu de bulletin de vote. J’entre dans l’isoloir sans retrouver l’excitation des présidentielles et c’est presque mécaniquement que je plie la feuille en 16 afin de la glisser dans l’enveloppe bleue. « A voté », la sentence tombe et voici comment remplir un devoir civique en moins de 3 minutes et 26 secondes, c'est-à-dire le temps qu’il faut à Hicham El Guerrouj pour courrir un 1500m.

J’ai voté au niveau national : que m’importe le pantin qui dirigera ma ville ? Que m’importe qu’il propose deux pistes cyclables en plus ou une maison de retraite gratuite ? Je veux montrer que – question de point de vue – si l’on considère une grève comme une prise d’otage, et bien les élections présidentielles sont la plus grande prise d’otage de l’humanité.

Au sortir, les images se bousculent dans ma tête, je me revois tout petit dans une mairie immense, je nous imagine tous les deux nous bataillant gentiment pour glisser un bulletin idiot dans l’enveloppe de l’autre, je me vois portant un petit bout d’homme, l’emmenant dans l’isoloir, lui expliquant comment faire tout en chuchotant « ne le répète pas, c’est un secret ! »…

Elle est étrange ma capacité à prendre une action anodine, à me rappeler mon premier contact avec elle, à imaginer la faire en couple, à imaginer l’expliquer en bon père attentif…

Comme des lunettes déformantes pour colorer le monde


Mo²...

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