mardi 28 octobre 2008

Rêverie

Qu’y a-t-il de plus énervant que les vendeurs dans les magasins de vêtements?
Cela commence par leur coup d’œil évaluateur : un lion qui se demande si la gazelle est suffisamment grasse. Si oui, le voila qui vous approche sournoisement avec un sourire franc et amical (en un mot : commercial) et d’une voix suave vous susurre comme un viol auditif : « puis je vous aider ? » Ne soyons pas dupes, le « puis je vous aider » est en réalité un « pouvez vous m’aider », il y a quelque chose du banquier affamé dans cette supplique. Des sous, des sous, des souuuuus !
Parfois, vous n’êtes pas intéressants, vous n’êtes personne, par exemple quand vous entrez dans des magasins chics avec sur vous des vêtements de prolétaire. Là, le préposé à la vente peine à masquer un petit rictus de mépris devant ces baladeurs du dimanche qui ne viennent pas acheter (consommer, dit-on plus justement). Conforté dans sa supériorité par son uniforme en adéquation avec la marchandise, il en oublie sa propre condition et vous snobe superbement, convention sociale : vous n’êtes pas à votre place ici, faisons comme si nous n’avions rien remarqué.
Les vendeurs ont par définition bon goût et savent ce qui est tendance et ce qui ne l’est pas. Fait contradictoire, tout vous va si bien et qu’importe votre laideur : un passage à la caisse ca vous embellit le pire laideron.

Pourquoi me demanderez vous cette charge aveugle et un peu grossière contre du personnel finalement aussi utile que des catalogues parlants ? Et bien parce que je lis actuellement « L’élégance du Hérisson » (Muriel Barbery, Gallimard), et que son intelligence, sa beauté dans l’écriture, son don de l’observation et son cynisme que je place sur un piédestal m’ont donné envie pendant quelques minutes, de croire que je pouvais l’imiter.

Peine perdue vous l’aurez compris, je suis autant bon écrivain que les vendeurs sont stylistes.

Mo²…

1 commentaire:

Léna a dit…

Ah les vendeurs, j'en connais un à Toulouse qui a réussit à faire fuir une cliente en un seul "on peut vous aider ?". Comment ? J'entrais pour m'acheter des affaires de sport et il s'est adressé à mon copain, mauvais numéro tiré, dommage !